Le dernier livre de Frédéric Lenoir retrace la pensée du Désir dans une perspective philosophique et la rend accessible à chacun.e avec comme projet de « Vivre aux éclats »
Le Désir nous concerne tous et toutes et anime nos vies. Le dernier livre de Frédéric Lenoir résume de manière magistrale ce dont nous sommes intimement convaincus à Sens & Conscience. Petit aperçu de cette philosophie du Désir…
La soif du Désir
Pour Spinoza « le désir est l’essence de l’homme », il est même le moteur de nos existences et son absence s’appelle aujourd’hui « dépression ». Attardons-nous un instant sur nos amis et connaissance, sur nous même aussi peut être et notre expérience de la dépression. Et oui, lorsque l’on déprime, on n’a plus envie de rien. La motivation s’effondre, le « bof » nous envahit et peut aller jusqu’au « à quoi bon?« . Le désir en tant qu’élan vital nous est donc indispensable. Mais il peut aussi nous conduire à la passion dévorante et destructrice, à l’insatisfaction permanente, à la frustration, la convoitise et finalement toutes sortes d’addictions qui nous privent de notre liberté intérieure.
Alors comment faire la différence entre un désir qui nous libère et un désir qui nous emprisonne? Quelle différence entre Désir et besoin? Comment exprimer mon Désir de manière juste pour moi et les autres? Voilà les questions que soulève et qui font écho.
Désir sexuel
Et si nous abordons la question du désir sexuel, comment savoir si c’est ma biologie ou mon coeur qui me pousse vers l’autre ou si c’est juste « dans ma tête ». Y-a-t-il un désir plus « vrai », plus « authentique » qu’un autre? Ce que je ressens est-ce du désir ou de l’amour? Et comment nourrir ce désir sexuel si volatile?
Car le désir sexuel se nourrit aussi. D’après Frédéric Lenoir « le culte de la performance sexuelle et de la jouissance à tout prix » auquel nous assistons ces dernières années relayé par les réseaux sociaux mène à cette nouvelle tendance du « no sex » que l’on voit apparaitre chez les jeunes occidentaux. La peur de la sexualité au travers de l’exigence de performance en serait la cause de même le dégoût pour le consumérisme sexuel que l’on voit dans le porno ou les applis de rencontres.
Se libérer du Désir
Car se libérer du désir, quel qu’en soit la forme est une idée aussi vieille que le monde. Aristote et Épicure nous enjoignent à nous modérer, les stoïciens conseillent de supprimer le désir et les boudhistes d’éteindre notre soif. Face aux dérèglements du désir, la religion elle aussi, cadre et encadre notre désir par la loi. Aujourd’hui nous sommes nombreux à chercher une nouvelle voie entre la sobriété, l’allègement, le partage et la maîtrise du corps et de l’esprit.
La force du Désir
Le désir est cependant une force qui nous met en mouvement, un élan vers. Et dans cette optique il nous faut cultiver notre désir et l’orienter vers des personnes et des activités qui nous mettent en joie. Et pour connaître les « bons » désirs, des « mauvais » rien ne vaut le « connais-toi toi-même » de Socrate. Augmenter notre puissance vitale plutôt que la limiter est aussi le point de vue de Nietzsche car « diminuer le désir, c’est diminuer la vie ». Point de vue que je partage très volontiers pour avoir à un moment de ma vie tenté cette expérience.
L’élan vital
Pour Bergson, l’élan vital qui nous anime tous est un élan créateur. Créateur de vie par la reproduction, mais aussi créateur d’objets, de projets, de dépassement de soi. Et au final un élan qui nous pousse à nous déployer continuellement, à jouer notre partition en communion avec le monde, la nature, la vie. N’avez-vous jamais ressenti cette joie d’être « à votre juste place », d’être « accordé.e » au grand tout?
Et comment ressentir cette joie du Désir?
Il est des livres qui me mettent en joie et l’ouvrage de F. Lenoir est de ceux là tant je me sens à l’unisson avec les solutions qu’il propose. Développer sa créativité, se connecter à la Nature, habiter son corps et développer ses perceptions sensorielles, développer sa conscience, son esprit, son âme bref notre intériorité.
Ne pas oublier de contempler la beauté du monde et puis accepter la mort, la fin, pour vivre pleinement la vie. Lors de la crise du COVID, nous avons tous vu à quel point la peur de la mort a réveillé des parties de nous-même qui nous ont poussées à prendre des décision individualistes et absentes de bienveillance. La peur de la mort, nous conduit à faire des choix qui limitent la vie. Ce faisant nous passons à côté de la Vie.
Une mystique du Désir
Il existe des courants mystiques qui, au sein des grandes traditions religieuses envisagent une autre voie : celle de l’amour. Un amour inconditionnel « qui nous pousse de manière conditionnelle à désirer de manière infinie et nous libère des désirs finis ». Nous pensons évidemment à Jésus, Rûmi et à la philosophie Tantrique dans laquelle le désir sexuel est inclus et ouvre une voie possible d’accès au divin. Dans le Tantrisme, ce n’est pas la jouissance qui est visée au travers de l’acte sexuel mais l’union mystique. Ce n’est donc pas le plaisir qui est l’objectif mais la libération.
De la lecture à la pratique
Certes, certains de nos contemporains passent à côté de ces notions qui pourtant nous sont essentielles. Et en fait, le gouffre qui nous sépare de la pratique, n’est pas aussi large qu’on le pense; il s’agit plus d’un pas à faire qu’un pont à jeter entre deux mondes séparés. Un simple pas pour commencer la re-connexion à notre corps est nécessaire, pour éveiller une part plus subtile de nos sens et s’approcher de cette union à « ce qui est plus grand que nous ».
À ce titre, nous organisons deux fois par an des semaines de vacances tantriques en conscience : les Estivales du Tantra et les Hivernales du Tantra. Ces semaines sont une excellente occasion de commencer l’oeuvre de re-connexion à nous-même et de s’initier à un tantrisme éthique et concret pour réveiller notre élan vital.
Oser désirer la quête de soi
Il est donc grand temps de nous mettre en chemin, en pèlerinage peut-être, pour aller à la rencontre de nous-même afin de révéler notre véritable désir. Chaque année, à traversé monde, des milliers de pèlerins se mettent en marche dans ce but. À Sens & Conscience, à notre niveau, nous encadrons chaque été une quête de vision. Une quête de sens, de conscience au coeur de la nature. Un moment avec soi au coeur de la nature, sans téléphone, sans montre, sans livre. Une semaine à la rencontre de son intériorité et dans la contemplation de la nature comme révélateur suprême de soi.
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