Voilà une question que se posent bien des hommes et des femmes tant les lignes ont bougé ces dernières années. Gérard Longuet, anime des groupes d’hommes depuis plusieurs années et nous fait part de son expérience au coeur de la problématique.

 

Les hommes d’hier et d’aujourd’hui

Depuis les années 70, le patriarcat a du plomb dans l’aile. Souvent perçu comme un système d’oppression autant envers les femmes que les hommes; bien que de différente manière, il ne cesse de se déliter laissant la place à des scénarios binaires et clivants. 

Après avoir placé les hommes en position de dominants pendant des siècles, s’en sont suivi quelques décennies à tenter d’élever les femmes. Ce changement a eu pour conséquence imprévue et dynamique logique de déboussoler, voire d’abaisser les hommes. 

Aujourd’hui, une prise de conscience nouvelle apparait, dessinant les contours d’une carte du tendre qui s’organise progressivement autour d’autres références que le genre comme critère. 

Chacun.e porte en soi la promesse de ce que l’autre incarne du meilleur de l’humanité et c’est cet objectif que visent les groupes de rencontres entre hommes ou entre femmes ou même mixte: clarifier et faciliter.

Si nous nous intéressons dans cet article, plus précisément aux groupes d’hommes et à leur raison d’être, c’est que beaucoup d’êtres humains se questionnent sur ce qu’est un homme.  Car à l’évidence, être né avec des attributs masculins ne suffit pas pour être un homme.

Trois éléments de réponse

Nous avons trois éléments déterminants pour nous aider à avancer vers une réponse. Bien-sûr, cette réponse ne constitue en aucun cas un aboutissement en soi,  mais simplement  pose le début de la réflexion. Elle propose une ouverture pour  tenter d’approcher ce mystère intime. 

D’abord « consister » concerne trois dimensions : 

  • une identité subjective, c’est à dire se définir comme par exemple un sujet, un homme…et s’y reconnaitre;
  • l’autre  dimension évoque ce que le sujet donne à voir : consister dans, se manifester par. Etre un homme c’est manifester tel attribut ou telle qualité;
  • et enfin une dimension structurelle : consister en. Un homme se constitue ou est constitué de un ou plusieurs éléments.

En résumé, être un homme, c’est se reconnaitre dans une identité subjective,  se vivre Homme, se donner à voir en tant que tel et être constitué des éléments que les hommes  reconnaissent partager en commun….

Je rencontre  régulièrement en consultation des hommes qui se questionnent  sur ces trois dimensions et qui se demandent comment les clarifier. Ils se questionnent sur leur ressenti et la légitimité de leur sensibilité dont ils se disent déconnectée. Ils considèrent souvent que cette sensibilité est supposée être la chasse gardée des femmes.

Quelque chose ne va pas !

Intuitivement ou confusément, ils comprennent qu’il est nécessaire de mettre en place des changements en eux-mêmes ou dans leur vie. Ils commencent par se demander: «Mais qu’est-ce que qui ne va pas chez-moi? Qu’est-ce que je cherche ? Quel est mon but ?».

Simultanément à cette prise de conscience, se manifeste  souvent un sentiment d’impuissance face à l’immensité du questionnement qui s’ouvre devant eux. Leurs premiers pas sont hésitants et parfois difficiles. Peu savent par où commencer et tous affirment avoir besoin pour avancer de le faire en sécurité. 

Et bien sûr,  Ils se questionnent aussi sur les moyens à employer pour y arriver.

Il est donc indispensable de comprendre et d’expérimenter la dimension structurelle d’être un homme. De commencer à répondre à la question:  être un homme « consiste en »;  de quoi se constitue un homme,  de quels éléments un homme est -il constitué?.

Donner aux hommes confiance et consistance

Le monde a besoin d’êtres humains en qui on peut avoir confiance, et qui soient consistants.  Aider les jeunes hommes (et les moins jeunes) à accepter que leur humanité les oblige à ce qu’il ont de meilleur, c’est lutter pied à pied contre l’emprise du patriarcat. 

Nous pourrions choisir pour les garçons qui arrivent en ce monde qu’ils représentent une perspective de changement puissante si nous, parents, éducateurs, membres de la société, faisions le nécessaire pour changer nos représentations et donc notre manière d’éduquer.

Les demandes d’aide des hommes sont en relation directe avec les blessures causées par un patriarcat déconnecté et son corollaire la violence faite à leur sensibilité et à la relation à leur corps. Elle concerne aussi leur énergie sexuelle et la liberté avec laquelle ils investissent l’espace de leur sexualité , mais aussi leur créativité. Le troisième niveau de nuisance du patriarcat concerne la mise en compétition systématique des hommes ou femmes, ce qui affaiblit la relation à l’autre, augmente le manque d’enracinement et ferme le coeur et la conscience.

Vers la libération de l’homme

Tous les hommes aspirent à redonner du sens à leur vie, à se libérer des peurs et de la culpabilité. Tous souhaitent désactiver les conditionnements générateurs de difficultés sexuelles et relationnelles. Ils aimeraient oser dire « non » dans certaines circonstances et surtout savoir oser dire « oui» quand ils sentent que ce serait bon pour eux.  Ils aspirent également à vivre la relation à l’autre dans la confiance. Ils aimeraient s’ouvrir au présent, à ce qui vient à l’instant en dehors de toute projection ou anticipation inutile. 

Lors de rencontres entre hommes, l’accent est mis sur la conscience et la capacité de s’abandonner dans le présent: sans juger ni forcer. Chacun peut y trouver un espace pour être tel qu’il est au milieu d’autres hommes en chemin. Un individu unique en cours d’unification.

C’est également, une opportunité de se libérer des programmes qui nous font rechercher ce qui nous est familier et nous accompagnent dans notre désir d’ouverture vers des dimensions intérieures plus subtiles.

Nous portons en nous la réponse à nos questions

Mais attention a ne pas aborder nos besoins de changement avec nos vieilles habitudes, nos fonctionnements stéréotypés et les conditionnements qui les entretiennent. 

Ils sont tellement bien incrustés en nous, dans nos corps, dans notre système émotionnel, notre psychisme et nos habitudes que nous avons du mal à envisager les changements tels qu’ils s’imposent à nous.

En fait, ils ne correspondent pas à ce que nous pensons, ou à ce que nous imaginons. Souvent,  nous pensons qu’ils ne nous conviennent pas et nous les rejetons en bloc: « Non ! Changer cela ! C’est impossible ! Je ne peux pas!»

Alors, à quoi ça sert si nous ressentons le besoin de changement et qu’aussitôt nous  en rejetons l’idée ? Pourquoi se poser ces questions? Et comment faire pour sortir de ce cercle fermé?

« Notre complaisance et nos rejets nous empêchent de connaitre la vraie nature des choses. » Tilopa

Dès le départ, nous avons l’obligation d’aborder ce besoin de changement en mettant de côté toutes nos théories et nos opinions erronées que nous nous sommes forgées sur nous-même, sur l’autre, sur comment fonctionne le monde. Tout ce que nous avons jusqu’ici considéré comme évident, naturel ou ce qui nous a été légué par notre éducation ou les autres et que nous prenons pour la réalité, nous avons l’obligation de le revisiter.

Se rencontrer entre hommes apporte une part du soutien indispensable pour clarifier notre situation d’homme parmi les Hommes. Et ensuite permet de définir ensemble et pour chacun de nous, un but à atteindre et des moyens pour y parvenir. 

Quelle voie suivre pour « être un homme » ? 

Exaltons ce qui existe de meilleur en nous ! L’intelligence, l’intégrité, la pureté, la confiance, la consistance, le don de soi…

Apprenons à :

  • faire l’inventaire de nos sensations intérieures;
  • maintenir un niveau général d’énergie élevé;
  • développer notre clarté d’esprit;
  • ressentir et garder la souplesse du corps;
  • alterner avec fluidité les états de tension ou de détente;
  • prendre soin de notre désir;
  • laisser tomber nos soucis, la colère, nos préoccupations, nos attentes;
  • abandonner le passé, nos angoisses concernant le futur;
  • nous employer à faciliter l’ouverture d’esprit et celle de notre coeur;
  • accueillir nos sensibilités;
  • nos perceptions physiques plus fines et psychiques plus subtiles;
  • chaque fois que c’est possible, approfondir notre expérience avec plus de douceur;
  • faciliter les actes de ré-harmonisation pour nous-même et les autres;
  • simplifier nos relations;
  • méditer et utiliser cette ressource pour nous engager dans une spiritualité reliée;
  • mettre en pratique nos connaissances théoriques;
  • poursuivre la transformation attendue;
  • nous tenir à une discipline et l’approfondir tous ensemble.

Voilà une ligne de conduite qui me semble efficace pour devenir ou être un homme « juste » et répondre à notre quête de sens et d’humanité. 

Gérard Longuet

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