Pour comprendre le masculin sacré, il faut s’intéresser aux notions d’énergie masculine, féminine et « neutre »

Dans l’esprit du yoga, le but recherché est une union du masculin et du féminin en soi pour ouvrir un canal central d’énergie « neutre ». Ida et Pingala sont les deux manifestations dans notre corps des énergies de la lune et du soleil. Sushumna est le canal central du «feu cosmique» qui s’ouvre en nous à l’instant de la fusion de ces deux énergies. Ce passage libère la puissance de la Kundalini.

L’énergie féminine

Le canal  latéral gauche du corps, Ida véhicule l’énergie lunaire dite «féminine» ou l’énergie à polarité négative (-). Cette énergie est froide, en lien avec le système nerveux para-sympathique, la partie du système nerveux autonome qui ralentit les fonctions du corps. Elle permet d’abaisser la température du corps. Ida prend son siège au niveau du premier chakra, nommé Mulhadara, lui-même situé au niveau du plancher pelvien. 

L’énergie lunaire métabolisée dans notre corps nourrit notre élément énergétique féminin ou énergie du Yin. Cette qualité d’énergie est froide et ascendante, et la plupart du temps est représentée par la couleur bleue. Ce canal régit notre force mentale et nos capacités d’intériorisation. 

L’énergie masculine

Le canal  ou vaisseau latéral droit se nomme Pingala. Il se situe du côté droit du corps et véhicule l’énergie  à polarité positive, l’énergie solaire dite « masculine ». Énergie chaude, elle est reliée au système nerveux sympathique qui accélère les fonctions du corps.

L’énergie solaire métabolisée dans notre corps nourrit notre élément énergétique masculin ou énergie du Yang. Chaude et descendante, cette énergie est représentée par la couleur rouge. L’énergie chaude et solaire permet d’augmenter la température du corps. Pingala régit la conscience et notre verticalité (ie se tenir droit au sens propre et figuré) et notre expansion (notre rayonnement).

Sushumna le canal axial

Sushumna  se situe au centre et ouvre un canal axial très fin à l’avant de la colonne vertébrale selon la tradition avec un diamètre inférieur à l’épaisseur d’un cheveu. Cette énergie neutre c’est à dire ni féminine, ni masculine  se met en circulation naturellement du moment qu’un équilibre dynamique se crée entre l’énergie lunaire et l’énergie solaire en nous. C’est seulement quand ce canal s’ouvre que l’énergie cosmique peut circuler de manière fluide. Sushumna ne s’ouvre complètement et de manière harmonieuse que quand se crée en nous un équilibre dynamique suffisant entre nos énergies féminine et masculine.

La moelle épinière  est le support physique de cette circulation ascendante et descendante de la kundalini. Cette énergie spirituelle latente présente en chacun.e de nous est considérée comme l’expression énergétique de la puissance du divin en nous.

Masculin féminisé, féminin masculinisé…

Aujourd’hui, plusieurs paramètres  sont à prendre en compte pour comprendre le flou autour du masculin en général et du masculin « sacré » en particulier.  Les lignes bougent entre les hommes et les femmes, ce qui jette le trouble et alimente une certaine confusion chez les un.e.s comme chez les autres. Le premier constat visible est un renforcement du masculin chez les femmes qui par effet de balance entraine une perte de repère et un affaiblissement du masculin chez l’homme.

Au niveau individuel d’abord

Oui ! L’énergie du masculin a du plomb dans l’aile, mais c’est surtout l’équilibre entre ces deux polarités qui fait défaut et génère un masculin trop souvent déconnecté, désaxé, décentré et violent, c’est à dire profane. On pourrait aussi dire vulgaire du latin vulgum «commun, habituel, banal».

La priorité urgente et impérative  serait donc de ramener ce masculin en soi dans son axe, d’apprendre à re-créer une connexion de qualité avec son corps,  développer son ressenti  corporel, redonner du sens à son identité, ouvrir sa conscience à plus grand que soi et  à activer une circulation d’énergie dynamique  et équilibrée entre nos énergies opposées.

C’est la re-connexion qui donne sa dimension de sacrée à l’énergie masculine que nous soyons homme ou femme. Masculin sacré veut dire masculin relié à soi d’abord au coeur de ces 2 polarités  féminine et masculine. Puis, cet équilibre dynamique déclenche l’ouverture du canal central vertical où peut enfin circuler notre énergie neutre dynamique qui nous relie au masculin et féminin sacrés.

Au niveau collectif: Tout cela est révélateur du chemin qui reste à parcourir vers le masculin sacré

A ce jour, si la souffrance des hommes est reconnue, il est  tout à fait évident qu’elle n’est pas assez importante – semble-t-il,  pour les mobiliser en masse et déclencher une remise en cause collective significative. Seuls quelques milliers d’hommes au travers de groupes de parole ou de cercles de travail sur le masculin ont vu le jour cette dernière décennie. 

Les hommes semblent avoir des difficultés  à identifier clairement leur malaise et encore plus à s’engager durablement dans un processus de changement de comportement. Ils ont du mal à créer et à maintenir en lien positif, respectueux, écologique avec eux-mêmes ou avec leurs semblables, les différent.es d’eux ou bien  encore entretenir un lien profond avec la nature.

De fait, la seule alternative qui s’offre à nous, est de continuer à sensibiliser les hommes un par un. De leur faire prendre conscience que c’est leur engagement  persévérant à changer des comportements archaïques et une façon d’être déconnectée qui est à la base de la «rénovation» de  leur masculin. 

Nous sommes des individus uniques et pourtant avec tant de similarités

Nous sommes  structurellement nés de la fusion de deux cellules, l’une femelle l’autre mâle. En conséquence, il est logique d’envisager que nous sommes porteur.euse de ces deux énergies à la fois et que nos fonctionnements s’en nourrissent. 

En même temps, nous sommes  bien plus que l’ensemble des parties qui nous composent. Et c’est dans cette dimension unique qui nous dépasse que nous pouvons trouver les ressources nécessaires à nos reconstructions, nos changements et à l’intégration des qualités complètes en nous pour pouvoir les incarner dans la société.

« L’unicité du moi se cache justement dans ce que l’être humain a d’inimaginable. On ne peut imaginer que ce qui est identique chez tous les êtres, que ce qui leur est commun. » Milan Kundera

D’où vient le problème?

Probablement, en premier lieu de l’insatisfaction des hommes ou des femmes à trouver leur épanouissement et leur équilibre dans le modèle actuel. 

Les racines de cette question plongent dans la difficulté des hommes et des femmes à trouver leur équilibre dans ces modes de fonctionnement opposés qui sont à la base du conditionnement d’un comportement humain hémiplégique et polarisé soit masculin ou féminin.

Plus profondément, c’est évidemment l’héritage du patriarcat qui aggrave la difficulté pour les hommes à s’incarner en tant qu’homme complet… Homme avec « un grand H ». Une survivance pénalisante du mythe du héros, du chevalier, du grand homme de la période romantique de Chateaubriand ou Lamartine… Un héritage résiduel post-monarchique qui prive l’homme d’une moitié de lui-même.

Le fonds de commerce patriarcal continue à s’infuser sournoisement dans notre quotidien et parasite nos systèmes relationnels et comportementaux à notre insu. Il exacerbe la confrontation à la réalité de la violence polymorphes du masculin  contre lui-même mais aussi contre le féminin. Comprenons bien que les hommes  sont les premières victimes du patriarcat.

Comment changer?

Pour se comprendre et se découvrir, la première étape est de se rencontrer. 

Donc, d’abord créer un évènement qui permette de faire rencontrer d’autres  hommes, d’autres modèles masculins pour espérer s’enrichir, gagner en tolérance et en acceptation des différences. 

Ces groupes de paroles d’hommes ou des cercles de travail entre hommes facilitent l’acceptation de soi et de l’autre. En sortant de l’isolement, de l’intime et en tentant d’être soi parmi les hommes. Voilà une opportunité concrète en apportant une diversité de vue de nourrir sa transformation et envisager un impact collectif .

Ces rencontres peuvent se déclinent en plusieurs formats  à distance ou en présentiel sous formes de:

cercle de paroles d’hommes (2 heures)

1 journée de rencontres

ou sur de période un peu plus longue de 1 à 4 jours, voire une semaine.

En quoi consistent ces rencontres du masculin sacré ?

Les journées de rencontres s’articulent autour de différentes activités et thèmes :

Les propositions de travail ne questionnent pas seulement la tête, mais aussi le corps, notre énergie vitale, notre créativité ou nos relations.

Ces rencontres nous renvoient à un certain nombre de questions notamment:

Qui suis-je en tant qu’homme? Compagnon, ami, père, frère ?

Quelle est ma relation aux femmes, à la femme ? Aux autres? A la nature ?

Quel est mon rapport à la sexualité ?

Quel système de pouvoir est-ce que j’entretiens ?

Quels conditionnements et/ou addictions ( tabac, alcool, violence, sports, sexe…drogues…) ?

Qu’est-ce que j’aimerais changer dans mon comportement ? Et comment pourrais-je m’y prendre ?

Des pratiques de méditations active ou assise, des pratiques traditionnelles comme le yoga, le tai chi, le  Qi Gong, la marche silencieuse, la danse, la musique, le massage, qui me questionnent sur:

Mon corps et moi?

Mon énergie: comment est-ce que je m’alimente en énergie ?

Ma créativité ? est-elle explosive, en berne…? Qu’est-ce que tout cela dit de moi ?

Ma relation à la nature est le révélateur suprême de mes fonctionnements, de mes peurs mais aussi de ce qui est plus grand que moi. Tout cela est expérimenté directement au travers d’ateliers, de randonnées ou de méditations en pleine nature dans un objectif concret trouver son axe « puissance conscience » personnel.

Le monde des Hommes et du masculin est en pleine transformation et ces rencontres proposent des ateliers comme moyens efficaces d’accompagner ces changements.

Que sont les rencontres du masculin sacré ? 

Ces rencontres répondent à un besoin urgent de transformation positive des  comportements masculins.

N’est-il pas urgent de rencontrer nos différentes facettes d’homme(s) et de nous ouvrir à un masculin plus complet? 

D’envisager une possibilité d’homme enraciné, sensible, plus conscient de ses responsabilités, soutenu par ses pairs et relié à sa lignée?

Il est grand temps, de (re)trouver le sens profond d’être un homme, de renouer avec notre dignité d’homme, avec notre parole, avec notre puissance et de redécouvrir la beauté qui découle de cet alignement.

La rencontre du masculin sacré se fait d’abord en soi en récupérant notre propre énergie, notre pouvoir et notre sexe. 

Elle passe par la clarification de notre système de pouvoir: oser être soi, s’affirmer dans la vie de tous les jours, retrouver de la fluidité et prendre le risque d’utiliser notre énergie puissante du masculin comme carburant pour notre créativité.

Eveiller notre potentiel en totalité n’est possible que si nous canalisons et conscientisons nos forces profondes, notre puissance en l’équilibrant avec la conscience.

Le masculin accède à sa dimension sacrée dans l’équilibre dynamique entre puissance et conscience. En réalité, la part féminine en nous constitue la racine et la véritable base de notre noblesse intérieure. Sans ce contact avec notre racine, nous sommes incapable ériger notre verticalité masculine. C’est de cette fusion des deux polarités en nous et en ouvrant un canal d’énergie « neutre »  qu’elle se construit, mêlant harmonieusement «notre force guerrière et la gentillesse de la grâce».

Le chemin de vie d’un homme et la voie des masculins sacrés peuvent se rejoindre et s’harmoniser. Nos quotidiens, chargés de nos mémoires et d’intentions devenus inutiles, peuvent aussi être habités par notre volonté de vivre en toute sincérité et respect de l’autre et ainsi de mettre nos actes au service de la vie qui nous traverse.

Gérard Longuet

 

Sources:

  • André van lysbeth Tantra ou le culte de la féminité 1988
  • Gérard Longuet- Sylvie Carrelet L’homme Tout éditions Nectar
  • Olivia Gazalé le mythe de la virilité