Comprendre la symbolique de la quête de vision, c’est déjà un peu entrer dans un des processus initiatiques les plus importants des enseignements chamaniques Lakota.
Une initiation traditionnelle très moderne
La quête de vision est un mode puissant de transformation au cours duquel le participant reçoit «Force, Santé et Clarté ». Durant la quête de vision, nous sommes appelés à vivre les messages, l’esprit et l’énergie de grands enseignements dans notre corps et ensuite de les incarner dans notre quotidien. Ce travail vient stimuler en nous plus de compréhension, de croissance et de guérison dans notre propre vie ce qui en retour offre une guérison à la Terre elle-même. Cette quête de vision nous conduit à notre maturité d’homme et de femme.
Un engagement de 4 années
Traditionnellement, ce rituel est accompli une fois dans la vie et peut être renouvelé selon ses besoins. Il se déroule sur 4 années qui peuvent être consécutives ou non. Quand le proposant commence sur cette voie, il s’engage à effectuer le cycle complet des quatre années.
Un engagement symbolique avec soi
Lors de la quête de vision nous nous retrouvons seul au milieu de la nature, sans nourriture, avec peu de boisson (ou pas du tout dans la tradition) pendant 4 jours et 4 nuits consécutifs, dans un espace de quelques m2 délimité par une cordelette ornée de 365 sachets de tabac honorant toutes nos relations. Chaque petit sac de tabac représente symboliquement une relation.
La quête de vision est un privilège
C’est aussi le privilège de se consacrer entièrement à soi-même et être exclusivement disponible à l’écoute de ses fonctionnements et dans la nature. Sans rien à faire, ni rien à organiser; rien à préparer, ni courses, ni repas…Réduire son espace personnel à la simple surface nécessaire pour s’allonger. Rester sur place, ne pas écrire, ne pas jouer de quelque chose, ne pas parler, réduire les possibilités d’activité physique, sans musique, sans lecture, sans artifice. Juste la place pour méditer et abaisser sa température mentale. Simplement s’ouvrir au présent et à l’écoute de soi et de la nature.Un véritable exercice!
Un engagement aussi avec les autres
S’engager dans la quête de vision n’est pas un acte isolé, c’est aussi une offrande à toute forme de vie sur la Terre et au Ciel, à nos proches et par extension à tous les êtres humains car selon la tradition, ce que nous faisons pour nous, nous le faisons pour tous. Il existe un terme pour cela que vous entendrez souvent. Il s’agit de « metakuye Oyasin » Au nom de toute ma parenté.
La symbolique de chaque quête
Dans la tradition, la première année, le/la quêteur.e entre dans son cercle par la porte de l’Est. On utilise la couleur rouge pour symboliser l’Est. Le thème de cette première quête est l’humilité. En entrant en quête, je frappe à la porte du Grand Esprit.
La seconde année, on entre par la porte du Sud qui est symbolisée par la couleur jaune. On travaille la volonté. Le/la quêteur.e part en direction de la montagne qu’il commence à gravir. J’ai eu un aperçu des difficultés lors de ma première quête et je sais un peu plus à quoi m’attendre. La volonté n’est pas un vain mot.
La troisième année, c’est par la porte de l’Ouest, symbolisée par le noir, que le/la quêteur.e entre pour y travailler l’authenticité. J’arrive en haut de la montagne et j’accède à une vue panoramique. Je peux communiquer avec l’Esprit.
La troisième quête : une étape charnière
La troisième année est une étape charnière dans la démarche du quêteur. Il y aborde le thème de l’Authenticité. Symboliquement, en arrivant au sommet de la montagne il reçoit sa vision du Grand Esprit et réalise sa Vraie Nature; c’est à dire «un seul esprit dans une multitude de formes». Il accède à la symbolique de la pipe aussi connue sous le nom de «calumet de la paix». Elle se concrétise sur le plan énergétique par l’intégration du masculin et du féminin.
La symbolique de la pipe
Symbole de l’union du masculin et du féminin, la pipe ou calumet de la Paix est composé de deux parties séparées, un réceptacle (le féminin) et un tube creux (le masculin) qui s‘emboitent dans le corps de la pipe. Le «tabac» (en fait, un mélange de plantes et de fleurs) représente le corps, la matière à transformer, le lourd à transmuter en légèreté et en subtilité, symbolisés par la fumée qui marque le lien entre le visible et l’invisible. Ce tabac transformé par le feu est offert aux éléments de la nature, lui-même entretenu par le souffle individuel et collectif.
La pipe de la Paix passera de l’un à l’autre, invitant chacun à parler «vrai». Seul celui ou celle qui à consacré un minimum de temps, d’énergie et d’espace dans sa vie à se rencontrer dans le dépouillement et l’humilité en soi, peut envisager de s’ouvrir à l’authenticité.
Une dernière quête très riche
Enfin, la quatrième année, le/la quêteur.e entre par la porte du Nord, symbolisée par la couleur blanche. Il/elle accède à une vue complète de son parcours et redescend de la montagne pour partager sa vision complète, son enseignement. Cette dernière phase est placée sous le thème de l’Intégrité et du Don.
À la fin de sa troisième année, le/la quêteur.e va se mettre en quête de sa pipe dans l’année qui suit. Il/elle peut la fabriquer lui/elle-même ou commander sa fabrication auprès d’un artisan traditionnel de son choix. L’année suivante, il/elle l’emportera avec lui/elle et c’est seulement à la fin de cette quatrième quête, qu’il/elle sera habilité.e pour la première fois à fumer sa pipe et à faire fumer aux autres. Il ou elle pourra ouvrir, animer des cercles de paroles et de paix.
Dans le coeur de chacun d’abord!
Il faut se rappeler toutefois, que c’est en chacun.e que s’amorce de monde de paix et d’harmonie. La marche de chacun dans le sentier de beauté est essentiel à la transformation du monde. Le guerrier spirituel qui lutte pour un monde meilleur est avant tout un guerrier intérieur. S’il veut la paix dans le monde, il doit la créer en son coeur. Il lui faut équilibre en lui même les énergies du père et de la mère, du soleil et de la lune. Il lui faut réunir et allumer au centre de lui-même ces feux incandescents que sont le courage et la compassion, le sens de l’honneur et la sagesse, l’humilité et la générosité.
J.Languirand et J.Proulx- L’Héritage Spirituel Amérindien : Le Grand Mystère – Editions Le Jour
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