Les premières semaines de la nouvelle année passées, arrive avec février une période de transition où nous pouvons plus précisément prendre conscience de deux mouvements naturels auxquels nous sommes soumis en permanence.
La nature en mouvement
Chaque année, je m’étonne d’observer autour du 4 ou 5 février, les premiers crocus violets et blancs, les petites jonquilles étoilées ou les premiers chants sautillant des merles comme si leur horloge interne leur disait: « c’est aujourd’hui le moment de transition vers le printemps: vas-y- chante! »
L’un de ces mouvements, extérieur à nous, nous le connaissons bien: c’est la révolution solaire avec le mouvement des planètes qui l’accompagne, et le cycle inexorable de la vie rythmée par les changements de saisons qui s’en suit.
L’autre mouvement quant à lui, est peut-être moins perceptible car il oeuvre à l’intérieur de nous. Par manque d’écoute personnelle, beaucoup d’entre-nous ne sont pas très familiers de ce mouvement intérieur subtil.
Le mouvement intérieur
À cette période de l’année, nous avons l’occasion d’expérimenter ce mouvement vers l’intérieur, car il nous entraîne inexorablement au ralentissement, au repos, à la réparation, à former des voeux; c’est comme une révolution intérieure silencieuse qui prépare notre «germination intérieure».
Nous sommes donc soumis en permanence à ce couple de mouvements opposés. L’un vers l’extérieur, l’autre vers l’intérieur et en ce moment particulier de l’année , nous avons l’occasion de les célébrer.
Une partie de nous, a sans cesse envie d’explorer de nouveaux territoires et accomplir de nouveaux voyages. Nous aimerions découvrir des régions inconnues, exotiques et lointaines? Être émerveillés, apprendre quelque chose de nouveaux, faire de nouvelles rencontres, être enseignés auprès de cultures anciennes…au risque d’oublier le nécessaire voyage intérieur qui l’accompagne en miroir : une descente silencieuse et apaisée au coeur de nous-même.
Pourquoi ne pourrions-nous pas profiter de ces deux mouvements complémentaires et indissociables?
Lors de nos voyages, nous traversons de magnifiques régions accueillantes où nous aimons nous attarder et profiter. Nous aimons y flâner, en apprécier les enseignements, en goûter le nectar, observer les nuances de sa lumière.
Par contre, à l’inverse, nous sommes parfois invités à traverser des régions moins hospitalières, plus sombres et glacées. Alors, notre première réaction est de ne pas nous y attarder, voire même, aurions-nous plutôt tendance à chercher à les éviter. Mais, les fuir au plus vite ne nous prive-t-il pas de précieuses informations?
Nous disons souvent que l’existence est un voyage et ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau peut-être, c’est de tenter d’apprendre de toutes situations, de tout espace ou rencontres quand bien même serions-nous dérangés, inconfortables, poussés hors de nos zones de confort par ces découvertes.
Mettre du sens dans nos mouvements intérieurs
Peut-être pourrions-nous profiter d’enseignements de situations qui nous paraissent difficiles au prime abord; et alors même que notre volonté faiblit ou que notre désir est éprouvé, grandir en ouverture d’esprit et de coeur pour tenter d’incarner plus d’humanité.
Lorsque nous rencontrons un paysage hostile, nous ressentons de l’inconfort et nous nous disons: «Je ne sais pas ce qui m’arrive, j’étouffe!». Sans nous en rendre compte, nous sommes descendu trop bas dans les régions souterraines de nous-mêmes, et nous nous sentons alors terrassé et sans énergie. Alors, le mouvement vers l’extérieur s’impose! Et nous devons sortir de nous-mêmes. Il est grand temps de sortir à l’air libre et de marcher pour avoir un temps d’intégration.
Et si dans d’autres circonstances, nous nous sentons particulièrement légers, dilatés, inspirés, comme si nous échappions à la gravité c’est parce que, consciemment ou inconsciemment, nous avons flirté avec l’ascension d’un sommet intérieur.
Tout le sens de notre vie et tout l’avenir de notre humanité tient aux réponses que nous donnons à cette question. Qu’est-ce qui nous anime ? Le voyage autour du monde ou le voyage intérieur?
Une clé offerte ici à chacun.e pour trouver un apaisement et contribuer à nourrir à notre niveau ce qui fait la spécificité et la grandeur d’être humain.
Cordialement,
Gérard Longuet